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Malvoyance :
ce handicap discret qui change tout

Dès qu’on évoque les problèmes de vue, l’image qui vient spontanément, c’est celle de quelqu’un qui plisse les yeux et finit par s’acheter de nouvelles lunettes. Une myopie, un petit défaut à corriger. Sauf que la malvoyance, elle, ne rentre pas dans ce cadre-là. Ce n’est pas une question de verres plus puissants — c’est autre chose, de bien plus complexe et, surtout, bien plus tenace.

Les causes de la malvoyance ? Elles sont aussi nombreuses que complexes, et rarement bénignes. Parmi elles, la DMLA — la dégénérescence maculaire liée à l’âge — revient souvent sur le devant de la scène, notamment parce qu’elle touche massivement les seniors dans nos sociétés occidentales. Mais elle est loin d’être la seule coupable. 

 

On croise aussi sur ce chemin des troubles moins connus du grand public, mais tout aussi redoutables : les glaucomes — sournois, presque muets, qui grignotent la vision sans crier gare — les neuropathies optiques, les rétinopathies pigmentaires, et certaines myopies avancées, dites « dégénératives », qui ne se contentent pas d’un simple flou de loin. Chacune de ces affections a sa propre logique, sa propre manière de dégrader ce lien fragile avec le monde visuel. Pourtant, elles convergent toutes vers une même réalité : une disparition progressive, parfois imperceptible au début, mais implacable.

 

Chez certaines personnes, c’est le centre de l’image qui s’efface. Chez d’autres, c’est la périphérie. Comme si on regardait la vie à travers un tube de carton. Et puis il y a ceux pour qui tout devient flou, diffus, sans contour. Ce qui est frappant, c’est que deux malvoyants peuvent vivre une expérience radicalement différente. D’où cette formule souvent entendue chez les spécialistes : il n’y a pas une seule manière de mal voir.

 

Mais au fond, au-delà de la clinique, la malvoyance est surtout une expérience humaine. Et parfois, douloureuse. La perte de vision emporte avec elle bien plus que la clarté des images : elle fragilise la confiance en soi, éloigne les repères, isole socialement. Beaucoup de personnes malvoyantes rapportent qu’elles évitent de sortir seules. La peur de tomber, de rater un trottoir, de se perdre. D'autres arrêtent des activités qui faisaient leur bonheur : la couture, le bricolage, ou simplement lire le journal avec son café. Et puis il y a ce moment délicat, presque cruel : ne pas reconnaître un proche dans la rue, ne pas oser le saluer de peur de se tromper. À cela s’ajoutent les risques accrus de chute, les erreurs dans les gestes quotidiens, et une dépendance qui s’installe, parfois à petits pas.

 

Pendant longtemps, l’approche était plutôt « mécanique » : loupes, filtres colorés, téléagrandisseurs, lunettes spécifiques... Des dispositifs utiles, certes, mais pas sans défauts. Ils coûtent cher, demandent un apprentissage pas toujours évident, et surtout, ils ne suivent pas le rythme de la vie moderne. Essayez de sortir faire des courses avec un téléagrandisseur sous le bras…

 

C’est là que les nouvelles technologies apportent un souffle différent. Le smartphone, qu’on a déjà tous dans la poche, devient un véritable couteau suisse pour les malvoyants. Certaines applications, comme la notre, Lumyeye, transforment l’appareil en assistant visuel — et vocal — du quotidien. Il suffit de parler, et le téléphone lit à haute voix, identifie un objet, décrit une scène. La promesse est séduisante : plus besoin d’apprendre à manipuler un appareil compliqué, on parle, et ça fonctionne. C’est léger, toujours accessible, et surtout, ça s’adapte à des dizaines de situations.

 

Lire une lettre, trouver une boîte de médicaments, comprendre une affiche, mais aussi des choses plus banales, comme vérifier une date de péremption ou reconnaître un billet : ces petites victoires du quotidien, la technologie les rend à nouveau possibles. Et derrière chaque victoire, il y a un peu de dignité retrouvée, une autonomie qui reprend forme.

 

En fin de compte, comprendre ce qu’est la malvoyance, c’est accepter qu’on ne parle pas seulement de vision, mais de façon de vivre. Il ne s’agit pas simplement d’un problème d’yeux, mais d’un bouleversement global. Cela demande de l’empathie, une meilleure formation des professionnels, et surtout un vrai engagement pour rendre accessibles ces nouvelles solutions. Des outils comme Lumyeye n’effacent pas le handicap, mais ils ouvrent des fenêtres — et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour retrouver un peu de lumière.

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